François Fillon : oui, mais …
Lettre ouverte aux retraités non pauvres
Quand François Fillon a promis de diminuer le nombre de fonctionnaires, je n’ai rien dit. Je ne suis plus fonctionnaire.
Quand il a parlé d’allonger la durée hebdomadaire du travail, je n’ai rien dit. Je ne suis pas en activité.
Quand il a évoqué le recul de l’âge de la retraite, je n’ai rien dit. Je suis retraité. De plus, mes enfants n’ont pas encore atteint l’âge où ils pourraient veiller sur moi à l’heure de leur retraite.
Quand il s’est engagé à dérembourser les soins courants, je n’ai rien dit. Je ne suis pas encore malade et je ne suis pas pauvre.
De légères inquiétudes toutefois : quand je serai malade, quel établissement de soins voudra-t-il bien m’accueillir ? Dans quelles conditions après de telles coupes claires ?
Quels services publics déjà mal en point, dont j’aurai pourtant grand besoin, survivront-ils à une telle saignée ? Que deviendront les cinq millions de pauvres (en 2014 au seuil à 50 % du revenu médian) pendant que la suppression de l’ISF fera moins de 7 % d’heureux par rapport au nombre de pauvres ainsi défini (342.942 déclarations en 2015) ? Puis-je bien vivre dans une société où une petite minorité bénéficie exclusivement des largesses du pouvoir ?